jeudi 5 juin 2014

Le droit à la ...déconnexion

À l'heure où de plus en plus de salariés sont équipés de Smartphones et d'ordinateurs portables, des initiatives apparaissent en Allemagne et en France pour protéger la vie personnelle après le travail par un droit à la déconnexion.

« Plus le travail empiète sur la sphère privée, plus les salariés font état de stress, de burn-out et d'incapacité à déconnecter. » C'est le principal constat d'un récent rapport compilant 23 études internationales commandé par l'Office allemand pour la sécurité et la santé au travail. Il faut dire qu'en Allemagne, les journées d'arrêts pour cause de troubles psychiques ont explosé de plus de 40 % entre 2008 et 2011.

Pas de mails entre 18 h 15 et 7 h 

Depuis trois ou quatre ans, plusieurs grands noms de l'industrie allemande ont ainsi décidé de limiter les messages électroniques pour leurs cadres en dehors des heures de bureau. Sous l'impulsion du puissant syndicat IG Metall, le constructeur automobile Volkswagen a décrété il y a trois ans une trêve quotidienne de réception de mails sur les téléphones professionnels. Les serveurs de l'entreprise ne dirigent plus les courriels vers les Smartphones entre 18 h 15 et 7 h. Destiné d'abord à un millier de salariés, ce mécanisme a ensuite été élargi à environ 5.000 collaborateurs, sur les quelque 255.000 que compte le groupe en Allemagne. Son concurrent munichois BMW a choisi une autre voie. Depuis le début de l'année, plus de 30.000 salariés du groupe peuvent, en accord avec leur supérieur, effectuer leurs tâches hors des locaux de l'entreprise ou à des heures atypiques. Une heure passée à répondre à une demande par mail le week-end, par exemple, peut être reconnue comme heure supplémentaire. « Cela suppose de la confiance et un dialogue entre les salariés et leurs responsables », admet Jochen Frey, porte-parole de la direction du personnel. En 2010, la direction de Deutsche Telekom s'est engagée à ne pas attendre de ses salariés de disponibilité en continu, comme l'opérateur français Orange dans un accord conclu la même année. En France, un récent accord de branche a même inscrit « un droit à la déconnexion » pour les cadres du secteur du numérique ne bénéficiant pas d'horaires fixes, suscitant des moqueries dans des médias anglo-saxons. Ce texte, qui évoque l'obligation de décrocher des outils informatiques pour respecter la durée légale de repos minimale, est « tout à fait remarquable » et permet d'ouvrir le débat.
Alain Maspataud.