vendredi 22 novembre 2013

Kafka 2.0

Voulez-vous générer du stress auprès des salariés BMS ?

Citez leur une liste qui fait frémir à sa simple évocation : SAP, Ariba, Onyx, Concur, Starcite, Mercury sans parler des e-setup, HR connect, travel web ou autre « portail » virtuel. Myriade de logiciels éreintants, conçus par des ingénieurs informatiques à l’esprit labyrinthique. Comme dans les Enfers de la Mythologie, le salarié BMS est condamné aux travaux perpétuels, face à ces systèmes et applications mangeuses de temps. C’est un facteur objectif de pénibilité au quotidien.

L’entreprise accumule des strates de logiciels complexes. Mis en place de façon internationale, ils sont imposés du haut vers le bas, rigides et froids. Rendus obligatoires par ceux qui ne s’en serviront jamais.  
Des consultants externalisés ont  expliqué  qu’il fallait les mettre en place, après des mois de … « conseil » facturés au prix fort. Ils sont hélas partis depuis  longtemps quand la sueur perle sur le front de l’utilisateur égaré dans des interfaces indéchiffrables. Vous voilà seul face à des écrans à la convivialité évoque la RDA « circa 1975 », l’esthétique « MS DOS 1982 » et la rapidité du Minitel.  
On y avance lentement, difficilement. Une SEULE erreur vous ramène à la page zéro. 
Il faut recommencer sans cesse, remplir des cases, attacher des fichiers et espérer que des « validations » en chaîne se fassent : autant parfois espérer un miracle à Lourdes. Supplice la roche de Sisyphe, revisité en 2013 !
 Perdus ? Appelez le Help Desk, où une jeune femme hésitante à l’accent slovaque, ne « peu rrrien pourr vou, daissolai » et vous renvoie au Powerpoint de formation qui fait 77 slides, voire à un « e-training » en ligne qui dure très longtemps et ne répond pas à votre question (NB : nous sommes à la version 3.2 du logiciel, vous avez la 3.11 : retour à la case départ). 
Les salariés courageux ont une volonté d’acier : merci aux collègues solidaires, ceux qui savent des « trucs », échangent  discrètement des tuyaux acquis à la dure. Gare à la perte de mémoire, mais pas de chance : les anciens… se font rares !
Vous devriez apprendre la langue de Shakespeare et faire comme Hamlet, vous interroger sur « être ou ne pas être ». Tant qu’à apprendre des langues, optez pour le tchèque ou le hongrois, vous éviterez de passer 10 minutes à épeler votre nom à l’opératrice du call center, situé …quelque part (« press one !  press three ! »). Ces factures renvoyées 4 fois par un fournisseur épuisé ne sont pas arrivées à Bratislava ? Soyez indulgent, car peut être y-a-t-il un problème local de chauffage ? Il doit faire très froid, à Bratislava. Notre conseil : soyez proactif, ayez un coup d’avance et achetez-vous un tutorial d’Hindi ou de Mandarin. 
Ces systèmes logiciels ne communiquent pas entre eux. Ce serait trop simple ! Un exemple ? Au VM qui a déjà entré les informations précises sur une action auprès de médecins, faisant pleinement partie de ses objectifs, et loin de chez lui, il est redemandé de justifier pourquoi il/elle a dormi à l’hôtel par des contrôleurs du contrôle contrôlant. Que répondre ?  J’adore le parc hôtelier de Metz Sud  surtout en novembre, et j’avais très envie de tester un petit déjeuner forfaitisé ! 
Passer des heures pour se faire rembourser des notes de frais : motivant et  100% « bio pharma » ? N’oubliez pas de bien effectuer votre visite en vous servant de votre i-Pad, car Big Brother compte sur vous et surtout recompte les pages vues. Mais pas dans votre voiture, hein… ah bon ?
1000 exemples pourraient être cités au sujet de ces « progiciels » comparables aux 7 plaies d’Egypte… Une seule certitude : les salariés BMS souffrent, peinent, stressent, fatiguent, condamnés à utiliser des outils toujours plus lourds et dévoreurs d’énergie.


 « Exprimons le désespoir de l'homme devant l'absurdité de l'existence » Franz Kafka.