Après les big
chefs dans le métro, au pressing et aux manettes pour organiser leurs vacances,
les voilà dans les rayons de la grande surface encombrée.
En effet, le chef
a du mal à comprendre que le temps libre soit aussi précieux pour ses employés,
qu'ils soient cadres ou non.
Imaginer un
instant la disponibilité intellectuelle que l'on peut avoir quand il vous
appelle le samedi matin alors que vous vous trouvez au rayon
"laitages" que le patron a décidé de réorganiser face à des fromages
bio alors que vous cherchez le beurre (qui était là la semaine dernière) ne lui
vient même pas à l'esprit.
Votre chariot
encombre, vous gênez, et lui vous demande : "Dites, je viens de revoir le
business plan du projet Machin, il y a une chose que je ne comprends pas. Mais
je vous dérange peut-être."
Vous bredouillez
que vous allez le rappeler dans 10 minutes et vous terminez au pas de course
pour remplir votre caddie en oubliant le truc essentiel que vous n'aviez pas
noté sur la liste.
Vous choisissez
la queue qui vous paraît la plus rapide mais c'était sans compter que vous
aviez oublié de peser les bananes dans le rayon. Et vous voilà à courir jusqu'à
la balance automatique, angoissé de savoir ce qui lui paraît bizarre, alors que
vous aviez tout vérifié.
Vous rangez et
payez à toute allure vos achats sans prêter attention aux bons de réduction
illisibles que vous remet la caissière, et vous sortez, enfin libéré, en
traînant votre caddie d'une main et le téléphone dans l'autre.
Le chef décroche
immédiatement, vous fait observer que vos minutes sont plus longues que les
siennes et attaque sans autre politesse sur la valorisation des ventes qui,
que, quoi...
Et là, vous vous
sentez pris d'une rage anti-chef irrésistible...
Et incompréhensible
pour l'autre, installé chez lui dans son bureau, un café à la main, qui avait
tout le temps d'attendre lundi.
Inutile de dire
que le dialogue ne sera guère constructif !